Article du site Bibliofrance :
Il faudra, peut-être cette année, après les biographies d'hommes et de femmes politiques, les définitions de l'EPR , revoir aussi la définition de "désherbage en bibliothèque" que donne l'encyclopédie Wikipédia.
Ce n'est plus seulement aux collections que va s'appliquer ce terme cher aux jardiniers/bibliothécaires, mais aussi à son personnel : du rassurant "1 fonctionnaire sur 2" de ce début d'année, nous passons maintenant au "1 concours sur 2" du CNFPT et moins... si affinité.
A moins de penser les futur(es) bibliothécaires doué(e)s du don d'ubiquité, pourquoi programmer deux épreuves de concours distincts, mais de la même filière, le même jour ?!
Une première, de la part du CNFPT, et dans l'histoire des concours ! De qui se moque-t-on ? Les missions essentielles du CNFPT sont "la formation et la régulation des carrières" ...
Là, c'est sur, le mot régulation prend tout son sens...
Le 14 février 2007, Christian Jacob (ex Ministre de la Fonction publique) avait présenté le projet « Parrainage pour la fonction publique » qui visait à aider les jeunes (notamment ceux issus de milieux défavorisés) à préparer les concours de la fonction publique, prochainement ce n'est plus une opération de "parrainage pour préparation de concours" qu'il faudra lancer mais des opérations de sauvegarde d'une espèce en voie de disparition, genre "bibliothécaires en péril"...
La réduction de la FPT a-t-elle commencé, par la voie la plus inattendue, celle des concours ?
Dans un communiqué , de ce jour, dont nous vous conseillons fortement la lecture, l'ABF, posait la question en ces termes : "l’ABF invite les différents organismes chargés de l’organisation des concours à communiquer de manière claire et sans désinvolture à l’égard des candidats, en expliquant les décisions prises."
Sans vouloir refaire l'historique depuis 1991, des "constructions statutaires d’une complexité ubuesque", il nous apparait clairement que le traitement global (concours, formation, traitement, promotion, ...) de la filière culturelle bibliothèque (entre autres ?) ne correspond pas à la réalité de ses missions, des enjeux qu'elle porte, et du travail accompli :
Le problème des reçus-collés est révélateur du dysfonctionnement de cette filière (mais ce n'est pas la seule !) qui instaure un "parcours du combattant" à chaque étape, suivi d'une dévalorisation des emplois, d'une surqualification mécanique des candidats , d'une mauvaise foi des collectivités (mauvaise répartition du nombre des emplois A, B, C par rapport à la FPE), d'une précarisation d'emploi pourtant structurels, ... auquel il faut donc ajouter, ce jour des concours fantômes ou simultanés.
La nouvelle bibliographie, de préparation de concours, pour les futurs prétendants, aux hautes (et bientôt rares?) fonctions de la filière culturelle, pourrait donc être la suivante :
- pour se renseigner sur le métier de bibliothécaire : c'est "Les Cités invisibles" de Calvino
- pour un premier emploi en CDD c'est "les essais" de Montaigne
- pour les concours : c'est Eliminatoires de JimThompson
- pour la date du concours : c'est bien sur "La disparition" de Perec
- la liste d'aptitude : c'est "Premier de cordée..." de Frison Roche
- candidature spontanée : c'est "l'erreur est humaine" de Woody Allen
- le recrutement : "L'angoisse du gardien de but au moment du pénalty" de Peter Handke
- la post-formation : "Une trop bruyante solitude" de Bohumil Hrabal
- pour la titularisation : il suffira de retrouver d'où vient la citation "patience et longueur de temps valent plus que ...."
- pour les promotions : c'est Le "Tramway de Kafka" de Pierre-Robert Leclercq
.... et enfin pour la carrière et les traitements : une oeuvre de Zola au choix ....
Il est amusant de noter que dans le vocabulaire, comme dans les paroles politiques publiques, il y a souvent des modes : au registre "les mains vertes", en ce moment nous avons souvent droit, après les pépinières des années 1990, à l'expression "Jeunes Pousses". Pour travailler en bibliothèque publique, les "jeunes pousses", elles doivent passer des concours.
Evitons de les prendre pour des mauvaises herbes.
Nicolas le Jardinier Pour Bibliofrance
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