Voici un article intéressant d'une lauréate 2004 du concours de bibliothécaire territorial, restée sans poste, et devenue lauréate du concours d'Etat en 2006.
D'après son expérience, il est très difficile de trouver un poste territorial si l'on n'a pas d'expérience suffisante... Il serait important que les candidats territoriaux soient au courant avant de s'engager dans la voie des concours
http://languedebib.free.fr/spip.php?article14
Du recrutement des bibliothécaires dans la fonction publique territoriale
mercredi 27 juin 2007, par languedebibIl est sans doute vain de dénoncer une nouvelle fois le mode de recrutement des bibliothécaires territoriaux, les protestations régulières des reçus-collés restant lettre morte. La situation n’en demeure pas moins absurde et même hypocrite. Petit rappel pour mémoire.
Si seuls les détenteurs d’un diplôme professionnel des Métiers du livre sont autorisés à se présenter à certains concours de catégorie B (assistant qualifié dans la fonction publique territoriale, bibliothécaire adjoint spécialisé dans la fonction publique d’Etat), tout licencié, quelle que soit sa filière d’études, peut être candidat aux épreuves des concours de catégorie A (bibliothécaire et conservateur), dits « généralistes ». Il n’est pas nécessaire en effet de connaître les ruses de la norme et de l’Unimarc pour s’acquitter des principales épreuves que sont la dissertation et la note de synthèse. Il faut néanmoins modérer cette affirmation : si les sujets du concours de conservateur relèvent effectivement de la culture générale, ceux de bibliothécaire territorial sont traditionnellement bien plus orientés vers la connaissance du monde des bibliothèques et on trouve parmi les heureux lauréats nombre de « faux externes ». Quant aux « vrais externes », il est évident qu’il leur est fortement déconseillé de se présenter aux épreuves du concours de bibliothécaire en dilettante et que ceux d’entre eux qui sont admis ne le sont pas par hasard : s’ils n’ont certes pas étudié le métier de bibliothécaire à l’Université, ils connaissent en général à peu près par cœur l’ensemble de la production du Cercle de la Librairie et consorts et sont donc au fait des problématiques bibliothéconomiques. Or les « vrais externes » se heurtent à la réalité des modalités de recrutement de la fonction publique territoriale : inscription sur liste d’aptitude à l’issue du concours (pour une durée d’un an renouvelable deux fois) et démarchage des collectivités. Réussir le concours ne présage donc en rien de l’obtention d’un poste.
Pour ma part, j’ai été déclarée admise au concours de bibliothécaire territorial en avril 2004 et ai rapidement déchanté. Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale, auquel je me suis de suite adressée en quête de conseils, m’a aimablement fait savoir qu’inexpérimentée et diplômée d’une filière généraliste, il me serait extrêmement difficile d’obtenir un poste. Vint ensuite l’amère découverte du caractère fictif des intentions de recrutement déclarées par les collectivités au CNFPT (DRH simulant l’ignorance de l’existence de postes à pourvoir, personnel contractuel prioritaire, terme de « bibliothécaire » employé de manière générique par des responsables de recrutement ignorants des subtilités de corps de la filière bibliothèque, etc).
Pendant un an, j’ai répondu à toutes les offres d’emploi parues dans La Gazette des communes, sur Biblio-fr ou les différents sites du CNFPT. J’ai également proposé ma candidature spontanée à nombre de collectivités. En bonne bibliothécaire, j’ai consciencieusement archivé l’ensemble de cette correspondance. Ceux qui arguent régulièrement de la non mobilité des candidats pourront s’y reporter et y trouveront un démenti manifeste. En un an donc, j’ai obtenu en tout et pour tout ... trois entretiens.
Il semble que les personnes en charge d’examiner les CV des postulants écartent volontiers ceux des candidats manquant d’expérience ou de diplôme professionnel. On peut les comprendre : les postes de bibliothécaires sont rares et consistent souvent en la direction de petits établissements, charge que l’on rechigne à confier à un débutant. Or c’est bien le principe de ces concours dits « généralistes » que de proposer à l’embauche des novices, la formation étant postérieure au recrutement.
La solution a été trouvée pour les conservateurs, formés par l’Enssib avant leur recrutement, en même temps que les conservateurs d’Etat. La situation semble en revanche inextricable pour les bibliothécaires territoriaux, bien plus nombreux que leurs collègues conservateurs (on observe la situation inverse dans la fonction publique d’Etat, où les bibliothécaires sont nettement minoritaires). Bien sûr on peut toujours proposer la remise en cause de la formation post-recrutement mais la lucidité n’encourage pas à l’optimisme sur ce terrain. Cette situation hypocrite ne devrait pourtant pas perdurer : il est inconcevable de continuer à faire miroiter des postes à des candidats qui ne les obtiendront pas et travaillent néanmoins (beaucoup) pour mettre tous les atouts de leur côté. Si donc les collectivités ne sont pas prêtes à recruter de vrais externes, il serait plus honnête de fermer le concours de bibliothécaire aux diplômés des filières généralistes et de le réserver aux détenteurs de diplôme professionnel, comme c’est le cas pour les concours de catégorie B.
Il est regrettable que l’on ferme ainsi les portes des bibliothèques municipales à des personnes réellement animées par l’esprit de la lecture publique. La fonction publique d’Etat est plus clémente à l’égard des vrais externes : si les postes sont rares au concours de bibliothécaires, ils sont accessibles aux généralistes, formés et affectés immédiatement après l’obtention du concours. Sur onze lauréats du concours externe 2006 de bibliothécaire d’Etat, nous sommes trois à avoir essuyé les plâtres de la fonction publique territoriale.