Je m'étais inscrite avant d'intégrer ma formation, soit l'année dernière, et depuis j'ai suivi mes études sans trop de souci. Première année validée, et plutôt pas mal. Bon le point négatif : en première année j'ai trop mangé de matières de bib (le catalogage c'est le maaaaaalllll !!!!!). Mais, mes profs disaient : "c'est normal, c'est plus compliqué d'être bibliothécaire".
Plus compliqué ? Je crois pas non. Je ne sais pas si c'est que dans ma formation, mais en toute honnêteté: les bib sont quand même d'énormes branleurs ! (désolée pour ceux présents ici, c'est pas contre vous juré, mais fallait que ça sorte) M'enfin, je ne suis pas là pour taper sur eux, après tout c'est pas leur faute si le diplôme est fait comme ça.
Je savais dans quoi je m'engageais en choisissant cette formation. Je savais pour le travail, tout ça, je le savais. Mais je m'attendais à tout sauf à quelque chose d'aussi violent. Soutien des professeurs ?
"Alors bon, vous avez choisi une filière décédée hein, donc on fera ce qu'on peut de vous mais n'ayez pas trop d'espoir". Voilà le discours qu'on nous a servi. De là je me pose la question légitime : si c'est pour dire ça aux étudiants, à quoi bon garder la filière ouverte ?
Mais pas grave ! Je suis une battante ! J'ai rencontré des gens formidables, des idées ont germé et je me dis que si, j'ai ma chance, alors fuck le monde je te boufferai ! Puis vint le stage de première année. Deux semaines en librairie, c'était cool (même si se taper les retours c'est d'un chiant pas possible). Et là, une claque. Non seulement mes profs n'encouragent pas du tout les étudiants, mais les libraires eux-mêmes ne croient plus en leur avenir ! Peut être parce que je suis d'une région très touchée par le chômage , allez savoir. Mais entendre son maître de stage dire que si les jeunes vont en métiers du livre c'est parce qu'ils sont "naïfs et inconscients des réalités", waouh !
D'accord dans ce cas fermons les librairies, arrêtons tout, le grand vilain Amazon a gagné (oui j'en ai marre qu'on tape sur Amazon, c'est pas pour le défendre mais à un moment faut aussi se remettre en question et bouger ses fesses au lieu de pleurnicher dans son coin).
Bon, je me dis que c'est pas grave, c'est pas représentatif, je vaincrai !
Et puis, la deuxième année ...
Un mot pour résumer ? Calvaire. J'ai un emploi du temps qui défie l'imagination (et là je suis TRES remontée contre les bib qui osent se plaindre de leur petits devoirs quand nous on se tape des salons et qu'on est pas payé pour ça ! Pas même un ptit cadeau, non va te faire foutre. Plus les cours. Plus les projets à côté. Tout ça en MEME TEMPS ! Parce que sinon c'est pas drôle), et je ne parle même pas des choses complètement stupides qu'on nous demande de faire !
Des cours théoriques qui reprennent ceux de première année. C'est bien gentil mais ça je le sais déjà. Les cours pratiques ? Une vaste blague.
Gestion : oui on en a eu quoi, 12h.
Librisoft : même pas installé sur les ordinateurs de l'IUT on a attendu UN MOIS avant d'avoir une version de 2009 ! Que du théorique, pas de pratique. C'est pas que c'est un logiciel ultra utilisé dans quasi toutes les librairies de France, mais un peu. Et à la sortie de mon DUT je ne sais pas m'en servir parce que .... bin parce que c'est pas en t'expliquant comment tu fais que t'apprends à le faire. La pratique ça a du bon, mais c'est pas grave "vous le verrez en stage".
Et si en plus de tout ce qu'on a à faire on organisait un salon littéraire jeunesse ? Et qu'on rendait un dossier. Détaillé (aka jusqu'à envisager comment on alimente en électricité le bébé). A réaliser en 1 semaine et à finaliser en 2h. Ce qu'un libraire saint d'esprit fait en quoi .... 6 mois ?
Et puis t'apprendre à gérer ton rayon, à le mettre en valeur, à négocier avec les représentants, les pièges à éviter, l'entretien, les relations qui peuvent être conflictuelles avec les clients, comment s'intégrer à la vie de la ville pour avoir un rayonnement, gérer la concurrence avec les autres librairies ou au contraire comment on se mutualise pour peser plus lourd, on nous l'apprend ça peut être ? Bin non pour quoi faire ? C'est tellement mieux d'avoir une culture irréprochable sur la littérature contemporaine ! C'est sûr ça va t'aider à vendre. Parce qu'un libraire c'est juste un commerçant, sauf que ça on te l'apprend pas. Alors ok la culture c'est bien, mais ça met pas du beurre dans tes pattes. Pour une formation professionnalisante je suis déçue. Par contre, aller pleurer contre Amazon et Hachette alors ça ya du monde.
Et le stage, ah parlons-en du stage. 10 semaines, bataillez pour vous faire rémunérer. PERSONNE ne rémunère, à un moment faut aussi être réaliste. Tu veux aller en édition ? Pas de problème. Sauf que les maisons d'éditions déjà qu'elles prennent pas, mais alors en dessous de 3 mois accroche-toi ! De l'aide pour les étudiants qui peuvent pas se payer le luxe d'un appart à Paris ? Oh ba ya papa maman derrière. Non ? Ah bin tant pis. Postule à la FNAC c'est toujours mieux que rien.
Et j'en aurais encore tellement, tellement à dire ! Toute la déception que me saute à la figure, toute l'incompréhension quant aux actions et réactions de mes professeurs. Alors oui, la librairie est en difficulté, c'est un fait, c'est bon pas besoin de le rabâcher sans arrêt. Proposer des solutions, encourager les initiatives, non ça sert à rien. Déjà qu'enfoncer les étudiants c'est une honte, vendre une formation qui n'est pas ce qu'elle devrait être, c'est encore pire.
On pourra me dire que c'est pas eux qui décident du contenu de la formation, le fait est qu'à tous les niveaux il y a un problème. Et personne ne bouge ses fesses.
C'était le coup de gueule d'une future chômeuse.