Romans qui mettent en scène des écrivains parisiens

Un petit coup de gueule pour me défouler sur ce type de roman. Vous savez le genre où le héros (souvent narrateur) est écrivain, journaliste, éditeur, ou professeur de lettres, il habite Paris ou New York, et où le sujet est en fait la rédaction même du livre (c'est tellement original!). J'ai l'impression qu'ils fleurissent partout dans la littérature contemporaine, et qu'en général les auteurs ont pris ce sujet parce c'est ce qu'ils connaissent le mieux, et parce qu'ils ont très envie de parler d'eux. Si encore il y avait un soupçon d'autocritique ça passerait, mais il semblerait que ces braves auteurs sont incapable de second degré et de regard critique quand il s'agit de leur propre personne. Ca me tue qu'on taxe des auteurs comme Jean Rouaud ou d'autres auteurs qui tendent aux récits de filiation de "nombrilistes", alors que eux au moins ils ont le mérite de s'intéresser aux autres. J'ai l'impression que de tout ça se dégage un espèce de stéréotype de l'écrivain contemporain parisien qui n'ose pas s'aventurer dans d'autres milieux que le sien, par manque de curiosité, par peur, par ignorance. Il me semble que les grands écrivains sont allés chercher leurs sujets ailleurs, ou ont été capables d'un peu plus de profondeur et de distance sur leur propre milieu. L'autre jour j'ai pris à la bibliothèque L'enfant grec de Vassilis Alexakis, j'ai été happée par le titre, mais quand à la première page j'ai vu que c'était l'histoire d'un écrivain à Paris, j'ai refermé cash, ça m'était juste insupportable. Apparemment Paris pour lui, ça évoque Victor Hugo, Eugène Sue, le charme des grandes villes... Pour moi c'est du déjà vu déjà entendu, Paris pour moi ça évoque la bourgeoise coincée, les élites culturelles pompeuses, la jeunesse friquée-branchée-soit disant décadente, les clochards, la pauvreté, les immigrés, le café qui vide le portefeuille, les loyers inaccessibles. Bref j'en ai marre de Paris telle qu'elle est décrite par les gens qui l'aiment, et je me fous de savoir comment l'écrivain a écrit son bouquin. C'est un peu trop facile de dire "je ne savais pas sur quoi écrire alors j'ai écris sur le fait que je ne savais pas quoi écrire"...
Voilà maintenant je me suis bien défoulée ça va mieux.
Et vous, allez-vous défendre ces pauvres écrivains parisiens?

Dans le même style je t'avoue que j'ai très vite refermé Les lisières d'Olivier Adam...

J'ai lu Les Lisières d'Olivier Adam, livre encensé par une partie de la presse (notamment François Busnel de Lire[i]) et si j'aime beaucoup le style d'écriture de cet auteur (une écriture très haletante, parfois aussi très poétique), j'ai regretté que ce dernier livre soit aussi noir et que la conclusion en soit pessimiste. Je l'ai lu à une période de ma vie où j'étais en plein doute, on peut pas dire que ça m'a remonté le moral !
Delphine je comprends que ce snobisme vis a vis des romans mettant en scène des écrivains parisiens, je ne connais pas trop ce domaine, mais je partage pas mal ton point de vue sur Paris et les parisiens. J'imagine qu'une partie de la population se retrouve dans ces clichés, pour que de tels romans continuent à fleurir en librairie !

Bonjour,

Je pense que d'une manière générale les écrivains parlent surtout de ce qui les touche, donc de choses qui leur sont très proches. Et même en choisissant un cadre "exotique", leurs préoccupations vont tout de même transparaître. Après ils ne sont pas obligés de sortir une Xième autobiographie, mais la figure de l'écrivain (ou du poète) remonte à très loin dans la littérature.

Je ne dirai rien des écrivains parisiens, ne connaissant pas leur milieu personnellement. Mais réduire Paris à "la bourgeoise coincée, les élites culturelles pompeuses, la jeunesse friquée-branchée-soit disant décadente, les clochards, la pauvreté, les immigrés, le café qui vide le portefeuille, les loyers inaccessibles" ! Ce n'est pas faux, j'y ai longtemps habité ; mais à mon sens ce serait aussi vrai pour n'importe quelle autre métropole.

Fondamentalement, je crois que le problème vient des livres qui deviennent de plus en plus commerciaux. Au lieu de privilégier les livres qui deviendront des "classiques", tous les ans le marché nous sort LE best-seller qui sera oublié l'année suivante. Paradoxalement, on sort de plus en plus de titres, mais seuls quelques uns seront vendus à grand exemplaire et pour une durée de plus en plus courte.

Quelqu'un pour analyser la place de cette littérature en bibliothèque ?

(Je relance --encore-- un vieux sujet)

Ah bon? Les Lisières était le prochain livre que je voulais demander à ma bibliothécaire, mais à vous lire il n'en vaut presque pas la peine! Que lui reprochez-vous? (à part qu'il parle de Paris).

Cette description de Paris ("la bourgeoise coincée, les élites culturelles pompeuses, la jeunesse friquée-branchée-soit disant décadente, les clochards, la pauvreté, les immigrés, le café qui vide le portefeuille, les loyers inaccessibles") me rappelle un livre que j'avais lu il y a plusieurs années et que j'ai relu récemment : Le Petit Chose, d'Alphonse Daudet. Un classique que j'adore car le personnage me ressemble en beaucoup de points et se posent les mêmes questions plus ou moins existentielles que je me pose aussi... Mais l'action se déroule en partie à Paris et la capitale est décrite exactement de la sorte (clochard, pauvreté,...), alors que Le Petit Chose est censé être un écrivain, mais que finalement, il n'est pas très doué pour les best-seller... D'un côté on a le beau Paris, le beau peuple; et de l'autre on est face à l'affreux Paris, le manque d'argent, la difficulté pour survivre, tout ça... Bien que le thème du livre ne soit pas Paris, on a tout Paris (excepté les métros! pas trop d'actu, à l'époque) dans un bon classique! Certains auteurs savent s'y prendre... D'autres... Hé bien ce sont les autres, disons-le gentiment!

oui c'est vrai que tous les romans parlant de Paris ne signifient pas snobisme et tout... Zola dans l'Assomoir donne une vision pas très jo jo de la vie dans cette ville...Je pense que Les Lisières est un bon roman, le thème n'est pas vraiment celui de l'écrivain parisien, mais plutot de l'écrivain qui revient dans sa ville natale pour constater que rien n'a changé, ni ses parents, ni la ville, ses amis sans boulot ou mal payés...c'est très bien écrit, poétique (certains passages sont à tomber) mais ça reste du Olivier Adam et donc c'est très noir. Je te conseillerais, Cec-Lou, de ne pas le lire en ce moment, à l'approche des oraux de l'IUT de Bordeaux : ça va plutot te déprimer et te mettre en révolte contre pas mal de choses qui ne tournent pas rond dans notre société...attends donc l'été pour t'y mettre (mais encore une fois, c'est à lire quand on est en forme , bien entourée, etc). Après, je suis quelqu'un qui me laisse facilement emporter par un roman, surement un peu trop sensible. Sans doute que beaucoup arrivent à prendre plus de recul que moi !

V'là pour le pavé ...

Je suis quelqu'un qui suis naturellement révoltée, rebelle, pessimiste et désabusée, donc... si Olivier Adams me révolte encore plus que je ne le suis, c'est que c'est un diablement bon auteur (je dois confesser que je n'ai jamais lu ses livres, bien que j'en ai énormément entendu parler...)
De toute façon, en ce moment, je stresse tellement pour mon entretien à IUT Bordeaux que tout ce que j'arrive à lire c'est des infos concernant le livre et l'actualité du livre... Les livres à lire pour le plaisir sont passés aux oubliettes pour un petit moment!

Je te remercie néanmoins pour ta réponse, je trouverai certainement le temps de lire Les Lisières cet été ou d'ici la fin de l'année en tout cas ! ^^

Oh non il ne faut pas te fier à nos avis, essaie de le lire et peut-être qu'il te plaira (les goûts et les couleurs...). Pour ma part, je n'ai pas du tout accroché car j'ai trouvé ça nombriliste et dénué d'intérêt mais c'est peut-être aussi parce que j'étais dans une période où j'avais besoin de lire autre chose :-)